Origine et histoire de la Maison Jean-Vilar
La Maison Jean Vilar, inaugurée le 18 juillet 1979, est un lieu d'archives et de programmation dédié à l'œuvre et à la pensée de Jean Vilar, qui propose spectacles, lectures, rencontres et expositions et retrace l'histoire du Festival d'Avignon, du Off et de structures culturelles régionales. Une convention quadripartite signée le 12 décembre 1977 réunissait l’Association Jean Vilar, la Ville d’Avignon, la Bibliothèque nationale de France (département des Arts du spectacle) et le Ministère de la Culture et de la Communication pour une durée de trente ans ; la dernière convention a pris fin en 2017. L'Association pour une Fondation Jean Vilar, créée en décembre 1971 à l'initiative de Paul Puaux, avait pour objectif de rassembler les documents relatifs à la vie et à l'œuvre de Jean Vilar et d'organiser la réflexion autour de son travail. Après le don des archives par Andrée Vilar, Paul Puaux fit appel à André Veinstein, qui, avec Jacques Bosson et en lien avec Cécile Giteau, élabora le projet d'une bibliothèque-musée et d'un centre de documentation théâtrale à Avignon. La Ville d'Avignon acquit l'hôtel de Crochans en 1974, au 8 rue de Mons, pour y installer le Centre culturel Jean Vilar, devenu la Maison Jean Vilar par la convention de 1977. Aujourd'hui, la Maison est animée par l’Association Jean Vilar et la BnF, avec le soutien de la Ville, du Ministère, de la région Provence‑Alpes‑Côte d'Azur et du département du Vaucluse. Selon la convention, ses missions consistent à regrouper, valoriser et rendre accessibles au public archives, films, costumes, maquettes, programmes, affiches, livres et autres documents relatifs à Jean Vilar et au Festival d'Avignon, à collecter la documentation du Festival « IN » et du « OFF », à rassembler des archives sur la vie artistique régionale et à offrir aux chercheurs, professionnels et amateurs des fonds spécialisés dans le spectacle vivant, tout en faisant vivre la pensée de Jean Vilar par des publications, expositions et manifestations culturelles. L'Association organise expositions, colloques, rencontres et publications ; la BnF gère et enrichit la bibliothèque, propose des parcours documentaires et des ateliers pédagogiques ; la Ville met le bâtiment à disposition et assure son entretien, tandis que le Ministère attribue une subvention annuelle à l'association. L'antenne avignonnaise de la BnF, rattachée au département des Arts du spectacle, veille à la collecte, à la conservation et à la valorisation de la mémoire du Festival d'Avignon, du Off, des Hivernales et des lieux de spectacle d'Avignon, et offre une bibliothèque spécialisée ouverte au public avec des postes de consultation numérique. Neuf fonds d'archives sont aujourd'hui accessibles, dont plusieurs produits par les directions successives du Festival (fonds Paul et Melly Puaux, Bernard Faivre d'Arcier, Alain Crombecque, Hortense Archambault et Vincent Baudriller, Olivier Py), ainsi que des fonds consacrés aux Hivernales et au travail d'auteurs comme André Benedetto. La bibliothèque conserve plus de 18 000 affiches, dont plus de 12 000 proviennent du Off et près de 6 000 ont été numérisées, ainsi que des affiches du TNP pour la période 1952‑1969. Les documents de programmation (programmes, tracts, dossiers de presse et coupures) couvrent les festivals et les théâtres actifs dans le bassin avignonnais. La bibliothèque compte plus de 34 000 livres, répartis en textes dramatiques et ouvrages documentaires portant sur tous les aspects des arts du spectacle, et propose plus de cinquante titres de revues françaises et étrangères. La collection de tapuscrits comprend près de 2 000 documents, issus notamment de l'ANETH et du CNES‑La Chartreuse ainsi que de dons d'auteurs et de compagnies. Les fonds photographiques et diapositives rassemblent 22 985 tirages papier, 71 300 photos numériques, 6 300 diapositives, planches contacts et négatifs issus des archives du Festival (1966‑2008) et de nombreux dons ; la collection de diapositives dépasse 8 000 documents. Le fonds audiovisuel et sonore comprend plus de 2 000 DVD, plus de 1 000 CD, une soixantaine de clefs USB et des numérisations, soit plus de 5 400 documents, majoritairement des captations de spectacles, répétitions, documentaires et enregistrements de débats. Le fonds Jean Vilar déposé à la BnF rassemble notes, presse, correspondances, photographies, manuscrits et documents administratifs, complété par les archives de collaborateurs et de comédiens ; le fonds Jean Rouvet regroupe des archives du TNP et des documents relatifs à sa carrière. L'Association Jean Vilar conserve par ailleurs 1 200 costumes couvrant une quarantaine de pièces du TNP, ainsi que cahiers de régie, accessoires et un mobile d'Alexander Calder provenant de la mise en scène de Nucléa, 1 660 maquettes de costumes et décors inventoriées, la quasi‑intégralité des tirages d'affiches de Marcel Jacno, des cahiers de contacts d'Agnès Varda, tirages photographiques et films amateurs, ainsi qu'une importante collection d'enregistrements sonores sur bandes magnétiques. L'association gère aussi des collections de publications, dont la revue Les Cahiers de la Maison Jean Vilar et d'autres éditions mémorielles et catalogues d'exposition. L'hôtel de Crochans, situé intra‑muros au terme de la montée Paul Puaux, occupe un site issu d'une livrée cardinalice construite aux XIVe et XVe siècles et transformée par des familles nobles, puis reconstruit au XVIIe siècle en hôtel particulier. Le grand portail d'entrée, conçu par Pierre Mignard II, a été inauguré le 1er juillet 1680 et restauré en 1874 ; il présente un portique classique en pierre blanche avec pilastres doriques, fronton triangulaire, entablement orné et une attique décorée de deux lions tenant une sphère. La cour d'honneur de 270 m2 est pavée en calade, technique traditionnelle de pierres du Rhône ou de la Durance posées verticalement et maçonnées, et la façade sur jardin, inscrite aux monuments historiques depuis 1972, s'ouvre sur un jardin suspendu. Le hall d'accueil a été entièrement rénové en 2018 par le scénographe Raymond Sarti, abrite l'accueil, la boutique et le mobile de Calder, s'ouvre sur l'escalier d'honneur, la "boîte noire" d'exposition et un studio polyvalent, tandis que le premier étage comporte une enfilade de salles d'exposition, le Salon de la Mouette et deux salons ornés utilisés comme espaces d'exposition. Le jardin d'agrément, d'environ 600 m2, repose sur les premiers contreforts du Rocher des Doms, offre une vue sur le Palais des Papes, est planté d'essences méridionales et possède une fontaine ; il accueille lectures, rencontres et conférences. La Maison a quitté provisoirement l'hôtel de Crochans en septembre 2020 pour des travaux de mise aux normes de sécurité et d'accessibilité, a été hébergée au passage de l'Oratoire du 25 janvier 2021 au 2 février 2022, a vu l'inauguration des travaux le 25 mars 2022 et a rouvert au public les 13 et 14 mai 2022 autour de rencontres, lectures et expositions rendant hommage notamment à Paul et Melly Puaux. Temps fort de l'année, le Festival d'Avignon voit la Maison accueillir expositions, lectures‑spectacles, rencontres, conférences et la librairie du Festival ; hors saison, elle poursuit une programmation de lectures, rencontres et partenariats avec de nombreuses structures culturelles régionales et nationales.
